La diversité, l’équité et le système de santé

Une main empilant des blocs avec les mots appartenir, inclusion, diversité et équité

La diversité, l’équité et le système de santé

Une main empilant des blocs avec les mots appartenir, inclusion, diversité et équité
Canada flag with a stethoscope

Eric M. Yoshida OBC, M.D., FRCP(C), division de la gastroentérologie, University of British Columbia, président du Comité consultatif médical de la Fondation canadienne du foie (FCF) et membre du comité exécutif du conseil d’administration de la FCF.

Natasha Chandok MD, M. S.P., FRCP(C), division de gastroentérologie, Western University.

Dr Yoshida et Dr Chandok sont co-présidents du comité d’équité et de diversité de l’Association canadienne pour l’étude du foie.

Au printemps dernier, l’association canadienne pour l’étude du foie (ACEF) a mis sur pied son comité sur la diversité et l’équité. Après un appel à candidatures, nous avons eu le privilège d’être nommés à titre de premiers coprésidents du comité. Si l’ACEF avait déjà prévu de créer ce comité depuis un certain temps, le moment de son annonce n’aurait pas pu être plus opportun et poignant alors que les manifestations contre le racisme suscitent une attention médiatique considérable tant au Canada qu’aux États-Unis.

Aux États-Unis, les décès tragiques de Breonna Taylor, travailleuse de la santé, et de George Floyd, tous deux membres de la communauté noire, aux mains de policiers, ont déclenché des protestations de masse et fait exploser la colère accumulée au fil des années d’injustice sociale et de discrimination systémique. Au Canada, le racisme et la discrimination systémiques à l’égard de la communauté autochtone ont alimenté la colère. Au cours des dix derniers mois, il est devenu de plus en plus évident que les communautés asiatiques sont confrontées à une montée des actes de discrimination et de violence des deux côtés de la frontière. Au Canada comme aux États-Unis, les Asiatiques sont devenus les boucs émissaires de la pandémie de COVID-19, situation qui n’a fait qu’empirer du fait du nombre croissant de personnes qui l’appellent, à tort, le « virus chinois » ou la « grippe kung flu ». Il est inquiétant de constater que, partout au Canada et aux États-Unis, les médias ont rapporté des agressions non provoquées contre des Canadiens et des Américains d’origine asiatique, et qu’aux États-Unis, une fusillade meurtrière contre un groupe de femmes majoritairement asiatiques a eu lieu à Atlanta, en Géorgie, en mars 2021.

Certains se demanderont si ces perturbations sociétales qui se déroulent hors du cadre de l’hôpital ou de la clinique sont pertinentes pour l’hépatologie. C’est le cas, bien entendu. La pratique de la médecine ne peut être dissociée de la société. Les mêmes problèmes de racisme et de discrimination systémiques se posent dans les enceintes de nos hôpitaux. Une étude récente réalisée par le Ministère de la Santé de la Colombie-Britannique a révélé l’existence d’un racisme et de discriminations spécifiques envers les autochtones au sein du système de santé de la province. Nous pensons que si des études similaires étaient menées dans d’autres provinces, elles aboutiraient à la même conclusion. L’inégalité entre les sexes en médecine existe toujours, comme en témoigne une analyse récente qui montre clairement que l’inégalité salariale entre les praticiens masculins et féminins au Canada est le produit d’une discrimination systémique. Du point de vue des patients, les patients autochtones atteints d’une maladie du foie étaient autrefois systématiquement considérés comme souffrant d’une maladie alcoolique du foie, alors que des études ont montré que les maladies auto-immunes du foie étaient relativement courantes dans cette communauté. Au Canada, les patients atteints d’hépatite B sont en grande partie asiatiques et cette réalité, lorsqu’elle est rapportée par les médias, suscite inévitablement des commentaires négatifs sur Internet. La campagne de sensibilisation L’éducation combat la stigmatisation de la Fondation canadienne du foie de 2020, qui avait pour objectif de dissiper certains de ces préjugés et idées reçues sur la maladie du foie, a suscité des réactions et des commentaires en ligne qui prouvent qu’il reste encore un vaste travail d’éducation et de lutte contre le racisme à accomplir à travers le pays.

Il est important de réaliser que les hépatologues travaillent dans ce milieu clinique, universitaire et administratif. Nous nous devons de plaider en faveur d’un changement radical dans les soins de santé, même si cette démarche peut être mal perçue par l’administration hospitalière, par certains de nos collègues et par le gouvernement. Il est également important de reconnaître que les médecins et les chirurgiens sont très respectés par les membres de la société, y compris les représentants du gouvernement. Nous devrions tirer parti de cette légitimité et plaider en faveur d’un changement sociétal pour le bien de tous, même s’il ne semble pas avoir de rapport direct avec la médecine ou la pratique de l’hépatologie. Si des athlètes professionnels d’élite comme le basketteur LeBron James sont prêts à plaider en faveur d’un changement sociétal contre le racisme et les discriminations sur la scène internationale, le moins que nous puissions faire, en tant que médecins respectés, c’est de nous engager dans la lutte contre le racisme dans notre région.

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